jeudi 10 octobre 2013

Impressions oecuméniques


MC Michau (c) D.Cassou


Représentante des Églises françaises luthériennes et réformées au Comité central sortant du Conseil Œcuménique des Églises, j’ai été invitée à évoquer dans ce blog quelques-unes de mes impressions de ces 8 années. 

La première chose qui frappe lorsque l’on participe à une réunion du Conseil œcuménique des Églises, c’est la variété des tenues : chemises violettes des évêques luthériens ou autres, cols romains, grandes croix, soutanes noires, bleu plus ou moins clair et même roses ou jaune vif (Inde) ! Beaucoup de diversité aussi dans les coiffes : capuchons, kamilavkion (coiffe orthodoxe) de formes variées, avec ou sans voile, mitres... La variété des tenues des femmes impressionne moins, sans doute parce que l’on y est plus habitué : sari, boubou, robes très colorées, couvre-chefs de toutes sortes… 

Depuis 2005, j’ai participé à 6 Comités centraux (5 à Genève et 1 en Crête). Au-delà de l’importance du travail à fournir avant, pendant et après chaque session de 8 jours pleins, des difficultés linguistiques pour travailler en anglais, de la fatigue des longues journées, que de joies dans toutes ces rencontres ! Le mélange des cultures s’accompagne de beaucoup de bonne volonté pour se comprendre et chacun est bien persuadé que l’on peut être chrétien et Eglise de bien des manières différentes ! Et les périodes difficiles que nous avons traversées, les recherches de nouveaux responsables, les soucis financiers, les discussions théologiques sans cesse à reprendre, perdent de leur importance quand on les met en regard de la joie d’avancer ensemble, de voir se dégager des consensus progressifs et se finaliser les documents sur lesquels nous avons travaillé. 

Mes plus mauvais souvenirs sont liés à des périodes de tension entre différents groupes confessionnaux ou régionaux au sein du Comité central. Des moments où la prière est bien nécessaire, où il faut écouter ses sœurs et ses frères, essayer de comprendre les raisons de leur colère, chercher des solutions acceptables par tous. D’autres moments difficiles sont liés à la prise de conscience des malheurs qui accablent certaines populations : catastrophes naturelles ou, plus souvent, guerres et leurs cortèges de souffrances. C’est autrement prégnant de rencontrer les victimes ou leurs porte-parole que de lire son journal ou de regarder la télé !

Tente de la Célébration à Porto Alegre, (c) Pauline Menezes
Mes meilleurs souvenirs sont de différentes natures : la beauté et la ferveur des célébrations en est un des aspects. Dans la très belle chapelle du centre œcuménique à Genève ou sous des tentes comme lors de l’Assemblée générale de Porto Alegre au Brésil en 2006, la participation des différentes traditions, l’utilisation de toutes sortes de langues, et l’excellente préparation qui autorise ces associations, permet à chacun de se sentir à la fois chez soi et accueilli par d’autres disciples du même Seigneur. J’ai aussi beaucoup aimé les partages bibliques en petits groupes. Que de richesses quand les différentes cultures nous donnent accès à des résonances nouvelles des textes en nous et que le témoignage de chacun nous ouvre de nouveaux horizons ! Ces moments ont aussi été souvent, pour moi, l’occasion de partages en profondeur avec d’autres francophones, Africains en particulier. La façon dont les textes bibliques parlent à des femmes et à des hommes confrontés plus que moi aux précarités de l’existence a été un cadeau précieux pour reconnaître la grâce donnée par Dieu à tout être humain. Les rencontres interpersonnelles, les amitiés qui se nouent, les échanges profonds avec les porteurs d’une Bonne Nouvelle qui transcende les différences de cultures, ont été des occasions de grandes joies. 

Ma foi s’est approfondie au contact de ces autres chrétiens parfois bien étranges. Et aussi mon envie de les comprendre, mon souci de rencontres véridiques, d’un œcuménisme qui est la recherche ensemble des dons différenciés du Dieu unique, le Dieu de Jésus-Christ, au monde et, en particulier, aux être humains et à son Église. J’en remercie Dieu, mais aussi les sœurs et les frères qui m’ont permis de vivre d’aussi précieux moments.


Marie-Christine Michau, membre sortant du comité central du COE



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