dimanche 3 novembre 2013

Busan à mi-parcours

La 10ème assemblée du Conseil œcuménique des Églises est à mi-parcours. Faire un bilan d’étape est toujours un peu hasardeux : la suite peut confirmer cet arrêt sur image, elle peut au contraire le démentir, elle peut aussi ouvrir sur de tout autres directions. Mais parmi la foule des sentiments, des analyses et des réflexions que l’ont pourrait rapporter, deux me semblent se dégager nettement.

Sur le plan relationnel, l’assemblée est vraiment un événement. La très grande diversité des langues, des styles, des vêtements, des cultures, des options, des références, des contextes, des préoccupations, non seulement n’empêche pas la rencontre, mais elle la stimule. Le fait d’être Églises ensemble permet d’être immédiatement de plain-pied, de s’aborder, de s’interpeller, tout cela dans une ambiance souriante et spontanément détendue et chaleureuse.

Cette facilité heureuse, et même à certains égards jubilatoire, se vérifie aussi bien dans les rencontres interpersonnelles et informelles que dans les séances de travail. Pourtant, faire débattre et avancer deux mille personnes en séance n’est pas une mince affaire ! Mais les inévitables lourdeurs sont largement dépassées par la qualité de la modérature, par la procédure dite de consensus, extrêmement élaborée et légère à la fois, et par le sentiment partagé que tous sont là pour faire avancer la communauté d’Églises qu’est le COE.

A Busan, le terme « fraternel » n’est pas un vain mot.

En revanche, sur le plan du contenu, je reste sur ma faim. Si la part est largement faite aux expériences, au contexte, aux témoignages de terrain – et c’est une bonne chose – la mise en rapport de tout ce matériau avec une réflexion théologique structurée est faible. La référence christologique est rare. Ainsi, jamais jusqu’à maintenant les mots-phares du titre de l’assemblée (vie, justice, paix) n’ont été mis en rapport avec une christologie ; quand on pense au poids de ces mots chez Paul ou Jean, par exemple, c’est un tour de force ! Ces concepts ne sont d’ailleurs pas vraiment définis. Le flou ou l’implicite laissent plutôt la place à une sorte de spiritualisme vitaliste. D’ailleurs, le travail biblique est quasi inexistant. Du coup, les bons sentiments et le politiquement correct règnent, car qui peut être « contre » la vie, la paix, la justice ?

Sa seconde semaine commence. Mais d’ores et déjà, et sans aucun risque de se tromper, on peut souligner la qualité et l’intensité exceptionnelles de l’accueil réservé par les Églises coréennes à la 10ème assemblée du Conseil œcuménique des Églises.

Laurent Schlumberger

2 commentaires:

  1. Content de lire ta sortie sur le manque de lien théologique et de recentrage christologique ! ça se ressent même dans les textes des prières. Le manque apparaît aussi dans 'interview qu'a fait Claire de notre collègue de l'Eglise unie du Canada. Serait-ce le charisme des Eglises d'Europe de l'Ouest d'apporter cela (mais il faudrait qu'elles s'y mettent) ou bien est-ce une pause nécessaire dans l'avancée œcuménique : travailler le vivre-ensemble et l'engagement pour mieux reprendre le travail théologique par la suite ?

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    1. Charisme des Eglises d'Europe ou pause momentanée? Eh bien, les deux j'espère!

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