Nous vous alertions ce matin - ou hier soir, comme vous
voulez suivant votre fuseau – sur une mystérieuse disparition à Busan : le
travail théologique de Foi et Constitution emporté en un endroit tenu secret.
L’enquête progresse, et nous avons eu l’occasion de
recueillir au moins une preuve de vie lors d’un atelier animé par des membres
de Foi et Constitution et des spécialistes des dialogues œcuméniques,
bilatéraux ou multilatéraux. Groupe vivant, clair et précis, motivé.
Traduisons simplement les lignes de force de cet entretien :
L'Eglise : vers une vision commune. |
- un travail méticuleux de compilation, d’édition et de
critique des publications œcuméniques se poursuit. Quand bien des
membres de l’assemblée s’interrogent sur une dévaluation des mots, sur des
déclarations faites sans suites, de grands engagements finalement oubliés, des
textes votés sans avoir eu les temps de les discuter ni même de les lire, il
est encourageant de voir que certains ne se payent pas de mots quand ils
parlent d’unité, et résistent à faire tourner la planche à billets œcuménique.
Ici, on est pour la régulation des devises œcuméniques et autres slogans. Ici,
on lit avant de parler, on étudie avant d’affirmer, on écoute avant de
répondre. Et un intervenant de demander
si, lorsque les documents œcuméniques se satisfont de formulations trop vagues,
ils n’entretiennent pas une incompréhension au lieu de servir l’unité.
Oui : pour l’amour de Dieu, soyons clairs !
- les acquis œcuméniques de la dernière décennie sont identifiés,
grâce à ce travail précis et dans la durée : sont cités notamment l’anthropologie,
la réconciliation des mémoires, et le discernement des facteurs
non-théologiques de division. Ces angles d’approche nouveaux, qui n’avaient
pas été précédemment mis au centre du travail œcuménique, permettent à
présent d’heureux renouvellements dans des situations de blocage. On remarquera
que la proposition, que nous vous avons annoncée ici, d’un jubilé de la Réforme vécu de façon œcuménique en 2017, illustre à l’évidence le fruit de ces travaux.
- le travail théologique est conçu comme une forme de
résolution de conflits, selon un parallèle éclairant proposé par
John Gibault : dans une situation de résolution de conflits, il faut se
parler pour avancer vers une sortie de crise. Or la théologie est selon lui
« le langage natif des Églises ». La théologie n’est donc pas le
facteur de division, mais un outil d’unité, entre les Églises. Cela répond
directement au reproche parfois adressé à Foi et Constitution. Cela explique
aussi le titre de cet atelier : « Ecumenical dialogue : seeking
consensus or reconciling theologies ? ». Le dialogue œcuménique ne peut
pas forcer les choses en imposant des consensus immédiats – auquel cas la
théologie apparaîtrait comme point de division – mais doit être envisagé dans la
durée comme dialogue de réconciliation, la théologie étant alors la matière même
de ce processus.
- la théologie soumet sa pertinence à la question de sa
réception. Loin de l’image de groupes d’« experts »
glosant en vase clos, détachés de la « vraie vie » des Églises, chacun
des intervenants de cet atelier relève la question de la réception. Constatant
que beaucoup de dialogues bilatéraux ou multilatéraux manquent à la fois
d’approbation officielle et de réception dans les paroisses, la suggestion est
faite que la réception de ces dialogues
soit envisagée en amont. Non pas lorsqu’ils touchent à leur fin, mais dès le
début. Le travail théologique se veut manifestement au service, à l’écoute des Églises dans leur variété, des continents dans leurs sensibilités, et de
l’actualité de chaque temps.
Bref : on a une preuve de vie. Poursuivons les
négociations avec les « ravisseurs ».
Frédéric Chavel
Bonjour Frédéric et Laurent ! Merci pour l'enquête que vous menez, avec sérieux et humour ! Je ne sais pas ce que vos analyses auront comme effet, la machine est lourde et semble inspirée par d'autres préoccupations, aspirations. Merci pour vos messages et interventions. Bonne fin de séjour et bon retour. Bien à vous. Sophie Schlumberger
RépondreSupprimerje vois que Frédéric est complètement dedans... cela va te faire une choc de parler de liturgie luthérienne dans le 16e au retour... ! A moins que tu y injectes un peu de cet excellent témoignage...
RépondreSupprimerMerci a tous les deux pr vos messages, nous venons de faire comme on dit en bon français un debriefing sur nos impressions de cette assemblée, vraiment des regards croisés. Une très belle expérience à vivre ensemble
RépondreSupprimerPetit quizz pour les accros : certains auront sans doute remarqué que je me suis laissé aller à glisser dans ce post une allusion à un article théologique d'un de mes auteurs favoris. Quelqu'un pour donner la réponse ?
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