jeudi 7 novembre 2013

Quelles articulations ?



Fatigue (c) Claire Sixt Gateuille

Nous sommes le dernier jour de l’assemblée. Je suis un peu sonnée par la fatigue, étourdie par toutes les rencontres et tous les échanges inter-personnels, parfois très profonds. Les chants des temps de prière me sont entrés dans la tête et risquent de venir régulièrement me rappeler Busan quand je serai rentrée à Paris. Je suis complètement imprégnée par l’ambiance de communion, ou en tout cas de forte fraternité chrétienne, qui règne ici. Je suis encore dans l’énervement de ne pas voir les discussions se concentrer sur les vraies questions et perdre du temps à pinailler sur une formulation. Je ne suis même pas sûre que nous puissions discuter correctement des orientations programmatiques ou des priorités de travail tellement nous perdons de temps sur les déclarations publiques… 

(c) teresiah Mojki pour le COE
Mais c’est aussi l’heure du bilan. Malgré toutes les expériences très fortes que j’ai faites (mais dont il est difficile de rendre compte au retour…), j’ai trouvé que le principal reproche que l’on puisse faire à cette assemblée est d’avoir manqué d’articulations :  
-          - Entre le cœur et la tête : nous avons entendu beaucoup de témoignages très émouvants, mais jamais pris le temps de prendre un peu de distance avec l’émotion, d’entamer une réflexion et de l’intégrer dans les documents qui sont en train d’être votés.
-      Entre l’évangile et la théologie d’un côté et les engagements diaconaux et développementaux du COE et des Églises de l’autre. On se demandait parfois si le COE est un conseil d’Églises ou une ONG chrétienne internationale. Le travail de Foi est Constitution est apparu comme un élément à part, un peu étranger au reste du travail du COE, presque comme un cheveu sur la soupe vu son manque d’articulation avec le thème « Dieu de la vie, conduis-nous vers la justice et la paix ».
-         Entre la compétence et la représentativité des personnes à élire au comité central.
-        Entre ce qui se vivait à l’assemblée et la nécessité de la rendre le plus accessible possible sur le Net. Il y avait parfois tellement de photographes et de cameramen qu’il était difficile de se recueillir pendant les prières et que je ne voyais plus le grand écran durant les plénières… Pour vivre pleinement les choses, il faut ne pas être toujours en représentation.
-        Il m’a manqué du temps pour rencontrer des gens d’autres confessions chrétiennes, en particulier les orthodoxes. Pourtant, Si l’on pense les différentes confessions comme des membres du même corps du christ qu’est l’Église universelle, alors ces temps de rencontre permettent de prendre conscience de l’articulation entre les Églises membres et même entre les membres de l’unique corps du Christ…

Des caméras et photographes ultra-présents (c) CSG
Lister les préoccupations ne suffit pas faire le lien entre elles et à nous donner une claire vision de vers où le COE va. Plus j’avance dans mon ministère, plus je me dis que ce qui nous divise le plus, ce ne sont pas nos convictions ou nos pratiques différentes (car souvent nous partageons le même point de départ ou d’arrivée), mais la façon dont nous les articulons…

Je ne sais pas si le COE est une machine qui manque juste un peu d’huile pour graisser les rouages, ou s’il est un organisme, qui a besoin d’exercice et de mouvement pour ne pas se figer et se recroqueviller, mais venant d’une culture où la réflexion est importante, je suis un peu déçue du manque de profondeur dans les décisions que nous prenons et les textes que nous adoptons…

Un corps qui n’a pas d’articulation fortes risque de devenir un pantin… D’un autre côté, un corps atteint par l’arthrose évolue moins bien et risque de devenir immobile et de ne plus remplir sa mission…
J’aimerais que le COE, en tant qu’organisme vivant, prenne un peu plus soin de ses articulations.

Claire Sixt-Gateuille

1 commentaire:

  1. A mon avis, le temps manque toujours pour mener des réflexions plus profondes dans ce genre de grand rassemblement. L'intérêt est peut-être justement que l'on y puise en vrac les matières à réflexion pour les apporter "chez soi" pour être mûries et partagées avec ceux qui n'ont pas pu participer en direct par exemple. L'autre intérêt de l'assemblée aussi, ce qui n'est pas moindre, est bien exprimé par Laurent Schlumberger dans son commentaire ci-dessous, c'est que c'est une sorte de Pentecôte actualisée. L'élan et l'énergie dont vous êtes bénéficiaires là-bas profiteront certainement à d'autres ici. En tout cas, tel est mon espoir. Hanta Rajaona

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